Même les plus belles expériences professionnelles peuvent avoir une fin dramatique. Nous avons tous dans notre entourage des exemples de personnes qui ont subi un licenciement, une rupture de travail conventionnelle, voire un abandon de poste. Ces transitions provoquent de réels traumatismes. Devenir entrepreneur peut-il être un bon processus pour rebondir et retrouver sa raison d’être ? Laissez-moi vous conter la belle expérience d’Anne-Sophie Deckherr, la fondatrice de la marque de cosmétique la Bo&ssie.
Qui est Anne-Sophie Deckherr ?
Incubée chez iTerra en avril 2021 puis en accélération depuis juillet 2022, Anne-Sophie Deckherr est une entrepreneuse à impact dans le domaine de la bioéconomie. Elle décide de fonder sa marque de cosmétique la Bo&ssie au tournant de sa vie.
Diplômée en ingénierie agroalimentaire, elle occupe le poste de directrice pendant 10 ans dans un laboratoire de cosmétique. Elle contribue au développement de cette petite entreprise familiale et multiplie le panel de produits, en toute autonomie, avec sa petite équipe qu’elle respecte et qu’elle adore. Anne-Sophie fait alors partie des « workaholic », les bourreaux de travail passionnés, satisfaits de leur entreprise et leur condition de travail.
Un diplôme, une entreprise, c’était sa vie jusqu’au changement d’organisation de celle-ci. Anne-Sophie se retrouve du jour au lendemain dans un contexte professionnel destructeur. Comment s’en sortir ? Le départ semble être la seule échappatoire.
Une néo-entrepreuneuse
Entreprendre en partant de zéro, quelle belle idée saugrenue. Anne-Sophie ne fait pas partie de ces personnes qui peuvent compter sur un entourage pro-business, bien au contraire. Sa décision de tenter sa chance pour devenir « solo-preuneuse » déroute ses proches. Mais après tout, l’entrepreneuriat n’est qu’un moyen. Ce qui compte surtout, c’est d’avoir une excellente idée.
La naissance d’un concept
Et cette idée, Anne-Sophie la garde précieusement dans sa tête depuis un bon moment. Imaginez un instant : notre peau est recouverte d’une flore bactérienne ; de ce microbiome, il est possible d’identifier de bonnes bactéries, celles qui préservent et régénèrent notre peau, des mauvaises. Alors, pourquoi ne pas tenter de faire une sélection de probiotiques en fonction d’une problématique, de les cultiver et les proposer dans un sérum ?
Tout au long de sa carrière, Anne-Sophie était au contact d’experts du cosmétique avec qui elle peut challenger son concept : des anciens collègues, des commerciaux, et un entrepreneur du secteur. Ils sont unanimement favorables à son hypothèse.
Il est tout à fait possible d’utiliser les propriétés des bactéries pour créer des cosmétiques ciblés pour :
→ consolider les jonctions cellulaires et lutter ainsi contre la déshydratation,
→ modérer des réactions immunitaires hyper réactives pour effacer les rougeurs,
→ et proposer un remède réellement efficace contre les imperfections.
Une belle idée restée jusque là en dormance, n’étant pas adaptée à son ancienne entreprise. Elle avait tenté de monter une première fois ce projet en parallèle à son emploi. Une expérience qui lui permettra d’avoir ses premiers contacts dans l’écosystème entrepreneurial et de l’innovation autour de Beauvais. Elle rencontre d’abord la CCI de l’Oise qui l’orientera par la suite vers une chargée de mission Hauts-de-France Innovation.
La charge de travail étant trop importante pour coupler la création d’une entreprise avec un poste à haute responsabilité, Anne-Sophie décide de mettre en pause le projet.
La découverte d’iTerra
Réactiver son projet, suite au départ de son ancienne entreprise, cela sera pour elle la meilleure façon de rebondir. Elle est sereine. Elle peut se reposer sur des bases techniques fiables et solides. Elle décide donc de reprendre contact avec la chargée de mission Hauts-de-France Innovation qui l’oriente vers deux incubateurs de l’innovation du territoire : iTerra et Eurasanté. Et son choix va naturellement se porter sur l’incubateur qui répondra le plus vite.
À l’époque où Anne-Sophie rencontre pour la première fois la team d’iTerra, elle ne savait pas ce qu’était un incubateur.
« Ils m’ont accueilli avec écoute et bienveillance, ils m’ont présenté la structure et je me suis dit, ‘‘ il faut que je tente ma chance ’’. Ils ont validé l’hypothèse que le projet était vraiment innovant et qu’il avait un potentiel »
Pour préparer son passage devant le jury du comité de sélection d’iTerra, Anne-Sophie va être coachée par Aurélie. Un exercice difficile pour une ancienne ingénieure qui a l’habitude de s’adresser à un public professionnel, et de mettre l’accent sur le côté technique, l’usinage, les machines, le savoir-faire. Pour l’heure, il s’agit de séduire un auditoire de non-initiés et de convaincre des clients potentiels.
Apprendre à devenir entrepreneuse
« Pour moi, intégrer iTerra a été décisif, structurant et indispensable. Sans iTerra, je n’aurais pas mené le projet à bout. Ça m’a apporté les piliers de l’entrepreneuriat que je n’avais pas du tout, même si je savais gérer des projets, des budgets, des finances ».
Dès son arrivée dans l’incubateur, Anne-Sophie suit très audacieusement le parcours d’Aurélie et toutes les formations de HDFID disponibles sur leur site web.
« C’est toujours bien de prendre un peu de recul et d’être formé sur certains points. Cela m’a permis de faire le point entre ce que je savais et ce que je ne savais pas. Ces formations ont structuré mon projet ».
iTerra a également accompagné Anne-Sophie dans ses premières recherches de financements. Elle obtient le FRI (Fonds Régional d’Incubation) qui lui permettra de développer un premier prototype, qui donnera satisfaction par la suite, aussi bien sur les tests réglementaires que les tests d’usage et les tests d’efficacité.
« Une fois les tests en main, j’ai créé l’entreprise pour pouvoir démarrer au plus vite ».
Elle deviendra par la suite lauréate du FMDRO (Fonds Mutualisé Départemental de Revitalisation de l’Oise) de l’aide pour le financement de normalisation et de certification.
Se reconstruire par l’entrepreneuriat
Le soutient apporté par iTerra pour aider Anne-Sophie à se reconstruire et à porter positivement son projet est indéniable.
« iTerra m’a soutenue d’une façon très personnelle et émotionnelle. J’avais des bases familiales solides, mais j’avais tout misé sur mon travail. Je devais faire le deuil d’un modèle pour en reconstruire un autre. Ils m’ont aidée à me reconstruire grâce à mon projet ».
Ne pas tout porter sur soi, savoir mesurer les risques et distinguer la répartition des responsabilités : voilà une bonne méthode pour repenser les événements et se libérer d’une culpabilité oppressante et injuste.
De l’innovation à la création d’une marque cosmétique
Aujourd’hui la marque La Bo&ssie est créée et tous les sérums sont disponibles en vente libre sur un site e-commerce laboessie.fr : le défi est relevé.
Anne-Sophie a réussit à sortir de sa zone de confort et de changer son discours commercial pour s’adresse à nous, les hommes et les femmes qui désirent prendre soin d’eux avec des produits sains et réellement efficaces.
Pour l’instant, la vente en boutique n’est pas encore opérationnelle. Mais vous pouvez rencontrer Anne-Sophie sur les salons :
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- Made in Haut-de-France
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- et le Salon bien être, par exemple.
Laboessie.fr est au tout début de son histoire, aussi vous pouvez suivre l’activité de cette jeune pousse sur LinkedIn et sur Instagram.
Conclusion
« Finalement, iTerra était un bon choix pour moi, car j’ai eu tout ce dont j’avais besoin à Compiègne. J’ai senti chez iTerra une communauté investie et active. Elle porte une émulation. Cela m’a permis de reconstruire quelque chose de façon positive ».
Ce beau témoignage est indispensable pour ne pas perdre de vue l’importance de rendre disponible une équipe dans un processus de création d’entreprises innovantes. iTerra a su être à l’écoute d’Anne-Sophie et lui faire confiance à un moment particulièrement difficile de sa vie. L’entrepreneuriat nécessite un accompagnement, même pour les personnalités les plus intelligentes. Devenir entrepreneur, c’est changer complètement de mentalité, et cette mutation s’opère plus facilement lorsque les porteurs ont la sensation d’appartenir à une communauté.
Maintenant que le dispositif commercial est opérationnel, nous souhaitons à Laboessie.fr de réaliser d’excellentes ventes ! Le public est là, la prochaine étape sera de le trouver… Bonne chance Anne-Sophie !